.:: o fantástico destino de lady mi - parte 3 ::.

"Posso escolher entre ser constantemente ativa e feliz ou introspectivamente passiva e triste. Ou posso ficar louca, ricocheteando no meio" Sylvia Plath

segunda-feira, janeiro 30, 2012

"Pendant des années j’ai cru que cet homme était en dehors de ma vie, pas très loin peut-être mais en dehors.
Qu’il n’existait plus, qu’il vivait très loin, qu’il n’avait jamais été aussi beau que ca, qu’il appartenait au monde du passé. Le monde de quand j’étais jeune et romantique, quand je croyais que l’amour durait toujours et que rien n’était plus grand que mon amour pour lui. Toutes ces bêtises.

J’avais 18 ans et j’étais sur le quai d’une gare. Je ne comprenais pas pourquoi il pleurait tant. Je le serrais dans mes bras et m’engouffrais dans son cou. Je croyais qu’il était malheureux parce que je partais, et qu’il me laissait voir sa détresse. Et puis quelques semaines plus tard, après avoir piétiné mon orgueil comme une malpropre au téléphone ou en gémissant dans des lettres trop longues, j’ai fini par comprendre.
Que ce jour là, il flanchait parce qu’il savait qu’il regardait mon visage pour la dernière fois, que c’était sur moi qu’il pleurait, sur ma dépouille.
Pendant des mois, je me suis cognée partout.
Je ne faisais attention à rien et je me suis cognée partout. Plus j’avais mal, plus je me cognais.
J’ai été une fille délabrée admirable : tous ces jours vides où j’ai donné le change. En me levant, en travaillant jusqu’à l’abrutissment, en me nourrissant sans faire d’histoires, en buvant des bières avec les copains où en continuant de rire grassement avec ma soeur alors que la moindre pichnette du moindre d’entre eux aurait suffit à me briser net.
Mais je me trompe, ce n’était pas de la vaillance, c’était de la connerie : parce que je croyais qu’il reviendrait. J’y croyais vraiment.
Je n’avais rien vu venir et mon coeur s’était complètement déglingué sur un quai de gare un dimanche soir. Je n’arrivais pas à me résoudre et je me cognais dans tout et n’importe quoi.

Les années qui ont suivi ne m’ont fait aucun effet. Certains jours je me surprenais à penser :
- Tient? … c’est bizarre… je crois que je n’ai pas pensé à lui hier…
Et au lieu de m’en féliciter, je me demandais comment c’était possible, comment j’avais réussi à vivre une journée entière sans penser à lui. Son prénom surtout m’obsédait. Et deux ou trois images de lui très précises. Toujours les mêmes.
C’est vrai. J’ai posé les pieds par terre le matin, je me suis nourrie, je me suis lavée, j’ai enfilé des vêtements sur moi et j’ai travaillé.
Emotions : néant.

[...]

Combien de fois me suis-je retourné dans la rue, le coeur en vrille parce que j’avais cru apercevoir un bout de silhouette qui… ou une voix que … ou une chevelure comme… ?
Combien de fois?

[...]

Tant d’années qu’elle regardait avec une tendresse de merde ces temps de sa jeunesse. Toujours, quand elle pensait à lui, elle relativisait, elle faisait semblant d’en sourire ou d’y comprendre quelque chose. Alors qu’elle n’avait jamais rien compris.
Elle sait parfaitement qu’elle n’a aimé que lui, et qu’elle n’a jamais été aimée que par lui. Qu’il a été son seul amour et que rien ne pourra changer tout ca.
Qu’il la laissée tomber comme un truc encombrant et inutile. Qu’il ne lui a jamais tendu la main ou écrit un petit mot pour lui dire de se relever. Qu’elle se trompait. Qu’elle valait mieux que lui. Ou bien qu’il avait fait l’erreure de sa vie et qu’il l’avait regretté en secret. Elle savait combien il était orgueilleux…
Lui dire que pendant des années, elle avait morflé …"